Les migrateurs

Les poissons migrateurs

 La majorité des migrateurs amphihalins * sont anadromes. C'est-à-dire qu’ils naîssent en eau douce, rejoignent la mer pour grandir puis reviennent en eau douce pour se reproduire. Comme le Saumon, la Truite de Mer, l'Alose, la Lamproie Marine et Fluviatile ainsi que l’Esturgeon. Le seul grand migrateur qui soit catadrome est l’Anguille Européenne. Elle naît en mer, grandit en eau douce et repart en mer se reproduire.

* amphialin : Espèce dont le cycle de vie s’effectue alternativement en eau douce et en mer.

 

Saumon atlantique (Salmo salar)

Le saumon, espèce anadrome, se reproduit en rivière où les jeunes passent 1 à 2 années avant de descendre en mer en diverses zones d’engraissement de l’Atlantique Nord après avoir subi la « smoltification », transformation physiologique leur permettant de s’adapter aux fortes salinités marines.

Les saumons peuvent revenir en eau douce et se reproduire après un hiver en mer : ce sont les castillons qui constituent une grande partie des stocks des rivières normandes. Les saumons ayant séjourné plusieurs hivers en mer, dits grands saumons ou saumons de printemps constituent la fraction la plus sensible et la plus productive du stock.

La montaison a lieu de mai à janvier et le frai de novembre à janvier sur des fonds stables de cailloux et graviers. Après la ponte, les géniteurs redescendent vers la mer, une partie de ces derniers meurent de fatigue. Une fois éclos, les alevins se développent 1 à 2 ans en rivière puis gagnent la mer de mars à mi-mai. C’est dans l’océan que le saumon réalise son potentiel de croissance maximum mais c’est en
eau douce qu’il est le plus vulnérable.

La pêche du Saumon atlantique se pratique sur les parties de cours d’eau classées comme cours d’eau à saumon et en ayant acquitté la CPMA «Migrateurs», du dernier samedi d'avril au dernier dimanche d'octobre jusqu'à 1/2 heure après le coucher du soleil. Le Total Autorisé de Captures est limité à 10 captures par an et par bassin, dont 2 saumons de plus de 70cm, la bague et la déclaration de capture est obligatoire. Taille minimale de capture : 50 cm.

 

Truite de mer (Salmo trutta trutta)

La truite de mer constitue l’espèce migratrice phare des rivières de Haute-Normandie. Les cours d’eau normands représentent ainsi une part très importante des effectifs français.

La truite de mer, espèce anadrome a le même cycle de vie que le saumon atlantique mais présente des migrations généralement moins lointaines aussi bien en mer qu’en rivière. La truite de mer s’adapte plus facilement aux modifications de l’environnement, ce qui lui permet de subsister dans les bassins où le saumon a disparu.

La pêche de la Truite de Mer se pratique sur les parties de cours d’eau classées comme cours d’eau à truite de mer et en ayant acquitté la CPMA « Migrateurs », du dernier samedi d'avril au dernier dimanche d'octobre jusqu'à 2 heures après le coucher du soleil. Le nombre de captures est limité à 2 par pêcheur et par jour, leur déclaration est recommandée. Taille minimale de capture : 50 cm.

 

Grandes aloses (Alosa alosa) et aloses feintes (Alosa fallax)

Les aloses sont des poissons anadromes qui vivent la plus grande partie de leur vie en mer et remontent les fleuves pour se reproduire en eaux douces. En phase marine, les aloses vivent en banc sur le plateau continental, les aloses se nourrissent surtout de crustacés pélagiques et de petits poissons. Les aloses restent en mer pendant 3 à 8 ans pour la grande alose, 2 à 6 ans pour l’alose feinte. Leur maturation sexuelle les pousse alors à migrer vers les fleuves où elles sont nées, mais elles ont aussi la potentialité de coloniser de nouveaux milieux. La remontée des géniteurs dans les fleuves a lieu de février à juin selon les cours d’eau, avec un gradient de précocité croissant du sud au nord. La migration s’effectue en bancs par vagues successives, sur des distances importantes (300 km pour l’alose feinte, jusqu’à 1 200 km pour la grande alose sur la Loire).

Une fois arrivées sur les zones de frayères, les aloses se reproduisent pendant plusieurs jours. Le frai de l’alose est caractéristique : les couples se rassemblent au crépuscule, décrivent des cercles et frappent la surface de l’eau tout en libérant les gamètes. Les frayères se situent, en général, dans des cours d’eau de largeur comprise entre 50 et 200 m, sur une zone courante à substrat cailloux / galets.

L’incubation des œufs dure entre 3-8 jours puis les larves restent à proximité des frayères jusqu’au début de l’été. Les alosons dévalent vers la mer en été - automne et restent en milieu estuarien au moins jusqu’à leur 2ème été avant de partir en mer.

Ces deux espèces sont présentes en Seine, mais très peu de données sont disponibles sur leurs effectifs et leurs zones de reproduction.

 

Lamproies fluviatiles (Lampetra fluviatilis) et marines (Petromyzon marinus)

Les lamproies marines et fluviatiles sont sous forme parasitaire au stade adulte respectivement en mer côtière et en estuaires, alors que leurs reproductions et stades larvaires se déroulent en eau douce. Ce sont des espèces anadromes.

La reproduction a lieu au printemps en France sur des faciès de plat courant. Les surfaces favorables à la reproduction sont équivalentes à celles des salmonidés avec du substrat meuble non colmaté au travers duquel le courant circule facilement.

Les individus construisent un vaste nid semi-circulaire. Les oeufs très nombreux se collent aux pierres du nid et sont ensevelis. Les géniteurs meurent après la reproduction. Après éclosion, les ammocètes gagnent des zones sablo-limoneuses pour rester à l’état larvaire, pendant cinq à sept ans.

En cours de métamorphose, les juvéniles dévalent la rivière en automne et gagnent la mer en hiver. Les adultes vivent en mer environ deux ans, en parasites, fixés par leur ventouse sur des poissons dont ils râpent la chair qu’ils consomment pour ensuite en absorber le sang, leur croissance marine est rapide. De nombreuses espèces marines et amphihalines sont leurs proies, telles harengs, morues, haddock, saumons…

À la fin de l’hiver, elles quittent les eaux côtières et remontent, la nuit, dans les rivières jusqu’à plus de 500 km de la mer. La migration en eaux douces vers les sites de reproduction se situe entre avril - mai en Europe.

La multiplication des barrages a bloqué la remontée de l’espèce dans de nombreux cours d’eau. Sa capacité à franchir certains obstacles inclinés en s’aidant de sa ventouse buccale ne lui permet pas de surmonter les ouvrages majeurs. Les lamproies marines empruntent facilement les passes à poissons destinées aux salmonidés (passes à ralentisseurs) ou aux autres espèces (passes à bassins, à fentes verticales). Enfouies pendant plusieurs années dans les dépôts sableux, elles sont donc particulièrement sensibles à toute altération du sédiment ou de l’eau interstitielle.

 

Anguille européenne (Anguilla anguilla)

L’anguille est une espèce catadrome, la seule espèce française dont la phase de croissance se passe en rivière et la reproduction en mer.

Une autre particularité de cette espèce est qu’il n’existe qu’une seule population qui se reproduit dans la mer des Sargasses et se distribue dans toute l’Europe.

L’anguille vit de 4 à 10 ans en rivière et se reproduit en mer des Sargasses. Les jeunes (larves leptocéphales en « feuille de saule ») dérivent 1 à 3 ans avant de rejoindre les côtes où, au contact de l’eau douce, elles se métamorphosent en civelles tant recherchées et colonisent les eaux saumâtres. Les civelles remontent les rivières de juin à novembre, migration que les anguillettes, puis anguille, continuent jusqu’au têtes de bassin. On recense des anguilles à plus de 500 km à l’intérieur du bassin avec des records à 800 km.

Pour atteindre ces zones les anguilles doivent franchir un grand nombre d’ouvrages hydrauliques qu’elles peuvent contourner en sortant hors de l’eau (de nuit) par reptation sur les sols humides.

 L’état des stocks est aujourd’hui source de préoccupation tant au niveau français qu’international avec parallèlement un fort développement de parasitisme (Nématode Anguillicola crassus). Au cours de sa dévalaison elle présente des adaptations à sa future vie marine avec une robe argentée et un fort développement oculaire.

Les anguilles péchées en Seine-Maritime doivent être remise à l'eau pour des raisons sanitaires.

 

La gestion des poissons migrateurs

La gestion des poissons migrateurs à l’échelle des grands bassins fluviaux est assurée localement par les Comités de gestion des poissons migrateurs regroupant l’ensemble des acteurs concernés. Ils mettent en place des Plans de gestion des poissons migrateurs - qui fixent les mesures utiles à la reproduction, au développement, à la conservation et à la circulation des espèces, les plans de soutien d’effectifs ainsi que les conditions d’exercice de la pêche dans leurs bassins respectifs. Ces plans intègrent, entre autres, les déclinaisons locales du plan de gestion de l’anguille, issu du règlement européen, en tenant compte des caractéristiques du territoire.

Les populations piscicoles amphihalines sont protégées, de façon directe ou indirecte, par de nombreuses mesures réglementaires.
Un encadrement réglementaire de la pêche des poissons migrateurs a été mis en place afin de garantir une gestion raisonnée des stocks et de limiter la surpêche, une des causes de déclin.

Pour aller plus loin : site de la DRIEE

 

L'association de gestion des poissons migrateurs SEINORMIGR

Créée en 2007 sur l’initiative du Président de la Fédération de la Seine-Maritime pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, l’association migrateurs SEINORMIGR regroupe par adhésion les Fédérations départementales présentes sur le bassin Seine-Normandie afin de créer une seule et même continuité dans le suivi et la gestion des populations de poissons migrateurs présentes ou en phase de recolonisation de ses cours d’eau.

Le bassin Seine-Normandie comprend 55 000 km de cours d'eau et plus de 600 km de façade maritime. Le réseau est constitué de deux grands ensembles : le bassin de la Seine et l'Arc Normand. Ce dernier est constitué des cours d'eau côtiers entre "la Sélune" en Normandie occidentale et "la Bresle" en Normandie orientale.

L'association SEINORMIGR regroupe par adhésion 17 Départements correspondants à 14 fédérations Départementales pour la Pêche et la Protection du Milieu Aquatique, couvrant ainsi 66% du bassin Seine-Normandie et 76% du bassin de la Seine.

Inscrite au Plan de Gestion des Poissons Migrateurs du bassin Seine-Normandie depuis 2011, elle y siège en tant qu’invité permanent.

Après 5 années d’exercice, SEINORMIGR obtient en 2012 son agrément sur la région Haute-Normandie en qualité d’association de protection de l’environnement par arrêté préfectoral du 13 décembre 2012.

Ses Missions s'articulent autour de 7 axes :

  1. Contribuer à l’évaluation et au suivi des populations piscicoles amphihalines sur le bassin Seine-Normandie
  2. Favoriser la valorisation et la gestion de la ressource piscicole, notamment pour la rendre visible et accessible à tous
  3. Participer et s’investir techniquement et/ou financièrement dans les projets de restauration des axes de circulation des poissons migrateurs
  4. Assister les maîtres d’ouvrages et les services instructeurs en matière technique et administrative
  5. Mener des études spécifiques en concertation avec les différents gestionnaires dans le cadre des politiques locales de l’eau
  6. Participer à la définition et la mise en œuvre des objectifs de restauration des populations de poissons migrateurs au sein du CO.GE.PO.MI. en collaboration étroite avec le secrétariat technique (DRIEE Île de France, Délégation de bassin) et les établissements publics de l’Etat (DREAL, ONEMA, Agence de l’Eau, DDTM, …).
  7. Faire le lien entre les partenaires de sensibilités variées via la communication pour une meilleure sensibilisation aux milieux aquatiques